Faisons court, avec Siegfried Bracke comme éclaireur, lui qui a fait partie du sérail, tantôt un pied à l'extérieur, en tant que journaliste et présentateur à la télévision publique flamande (VRT), tantôt les deux à l'intérieur en tant que député du parti nationaliste flamand (N-VA) et président de la Chambre des représentants, après avoir été pendant quatorze ans membre du parti socialiste flamand (SP). Germaniste, orangiste (c.-à-d. pro-rattachement de la Flandre aux Pays-Bas) et franc-maçon, Bracke est le contre-exemple de ce que la N-VA serait un parti de droite comme certains, que cela arrange, dans l'opposition et son organe de propagande, la radio-télé publique francophone, ne cessent de le prétendre.
Bracke est désormais les deux pieds en dehors du sérail et il dit sur Doorbraak à qui veut l'entendre que le nouveau gouvernement belge a beau être là, le mal belge subsiste. Il y a toujours un goût de trop peu. Certes, convient-il, en démocratie (le sommes-nous encore en Belgique et en Europe ?), il n'y a pas de grands bonds en avant. Ceux-ci restent l'apanage des dictatures et c'est en un sens fort heureux, ajoute-t-il, car ils ont immanquablement pour caractéristique secondaire, de faire beaucoup de morts.
Le mal belge consiste en l'inverse : la stagnation politique avec l'inefficacité au pouvoir ; pas de morts (sauf à Bruxelles, Siegfried, lorsque des gens s'y entretuent à la kalachnikov) ; un mécontentement généralisé et permanent et, surtout, une indifférence débilitante, car la Belgique est une particratie. Le pouvoir véritable ne vient pas des urnes. Ce n'est pas d'hier que cela date. Mais, s'inquiète Bracke, pouvons-nous continuer à considérer notre prospérité comme acquise en toute impunité ? Notre insouciance à l'égard de l'état du pays n'est-elle pas coupable ?
« Nous savons, écrit-il, que nous dépensons plus que la moyenne et sur quoi : sur nos institutions, la fonction publique, les dépenses sociales, les subventions aussi. La question est de savoir à partir de quand la complaisance et le je m'en foutisme deviennent presque criminels. » Siegfried, as-tu une idée d'où sont passés les 66 milliards d'euros de subventions dont on avait perdu la trace sous la précédente législature ?
Et, bon sang de bon sang, pourquoi le nouveau gouvernement fédéral, dont le Premier ministre est issu de ton parti, n'a-t-il toujours pas fait voter l'abrogation de la loi du 31 janvier 2003 sur la sortie du nucléaire et ne parle-t-on à présent que de l’adapter ? L’adapterait-on à quoi exactement ? Alors qu'un nouveau réacteur sera mis à l'arrêt « définitif » ce 15 février, n'était-ce pas la priorité d'entre les priorités, et non la taxation des plus-values qui va embêter presque tout le monde pour ne finalement rien rapporter net ou pas grand-chose ? (Cf. l'article de Typhanie dans l’hebdo satirique belge PAN de cette semaine.)
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