Le bonheur est-il une imposture ?
C'est aujourd'hui, 20 mars, la Journée internationale du bonheur
C'est aujourd'hui, le 20 mars, veille du printemps, la Journée internationale du bonheur. Décrétée par les Nations unies en 2013, cette journée est censée célébrer l'importance du bonheur comme objectif fondamental dans la vie des gens du monde entier.
Qu'est-ce que le bonheur ? Le philosophe André Comte-Sponville, dans la lignée du stoïcisme et du spiritualisme athée, le définit comme quelque chose de subjectif qui repose sur notre acceptation du réel et sur notre rapport à nous-mêmes. Lors de sa récente conférence à Bruxelles, son confrère Michel Onfray a eu l'air de considérer le bonheur comme quelque chose dont on s'aperçoit que nous l'avons connu après qu'il nous eut quittés.
Le World Happiness Report, publié par le Wellbeing Research Centre de l'Université d'Oxford, en partenariat avec le Sustainable Development Solutions Network soutenu par l’ONU, est considéré comme l'une des références internationales en la matière. Il s'appuie sur des données du Gallup World Poll, qui inclut des indicateurs mesurables comme le PIB par habitant, l'espérance de vie, le soutien social, la liberté, la générosité et la corruption perçue. Il est parfois critiqué dans la mesure où il met ces facteurs en corrélation avec les perceptions de répondants à propos de leur satisfaction de vie sur une échelle de 0 à 10 et n'évite pas les biais, culturels et autres.
Les auteurs de l'édition de cette année déclarent s'être intéressés à l'impact de la bienveillance et du partage sur le bonheur des gens. « Comme la "miséricorde" dans Le Marchand de Venise de Shakespeare, écrivent-ils, la sollicitude est "doublement heureuse" : elle bénit ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Nous étudions ces deux effets : les avantages pour les bénéficiaires des comportements de sollicitude et les avantages pour ceux qui s'occupent des autres. » Fort bien !
Les pays les plus heureux au monde se trouvent, selon le rapport, en Scandinavie : la Finlande occupe la première place, suivie du Danemark, de l'Islande et de la Suède. La Norvège est 7e. Les Pays-Bas sont 5es ; la Belgique, 14e, talonne la Suisse, 13e ; l'Allemagne est 22e ; les Etats-Unis, 24e, juste avant le Belize, 25e, dont la devise (Sub umbra floreo, « Je fleuris à l'ombre ») est particulièrement idoine dans le contexte. Cent quarante-sept pays sont classés.
Les pays scandinaves sont certes pleins d'atouts, mais qui les a visités à plusieurs reprises pour ses affaires ou lors d'événements sportifs, des marathons dans leurs capitales par exemple, n'a jamais eu l'impression d'y croiser des gens débordant de joie de vivre et de sollicitude, en particulier d'ailleurs en Finlande dont les habitants souffrent, de leur propre aveu, de ce que pendant les longs mois d'hiver ils ne jouissent que de quelque quatre heures d'une lumière du jour blafarde, sans même parler que le froid y est tel qu'il n'incite pas les gens à papoter entre eux quand ils se rencontrent dans la rue. Le reproche principal, semble-t-il, émis à propos du World Happiness Report est précisément qu'il ne tient pas suffisamment compte de la santé mentale des populations, au travers de la consommation d'anti-dépresseurs, par exemple.
Sans doute ce rapport promu par l'ONU doit-il être rangé dans la catégorie de ce que le dictionnaire de l'Académie française qualifie de « théorie vague et abstraite, pure spéculation sans rapport avec les faits réels », c.-à-d. l'idéologie (*). Il existe fort heureusement d'autres études avec des perspectives différentes sur le bonheur et le bien-être, mais le World Happiness Report est l'un des classements les plus médiatisés et les plus prisés. Le choix du « meilleur » indicateur dépend bien entendu de ce que chacun considère comme le critère primordial du bonheur : la liberté, la santé, la richesse matérielle, les relations sociales, la durabilité, etc. En tout, la règle ne devrait-elle être, pour les gouvernants, d'assurer la sérendipité, à savoir la créativité, la curiosité et l’ouverture d’esprit ?
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Aînée de 8 enfants, tous éduqués de la même manière, j'ai pu observer que le bonheur est avant tout dans nos gènes: les uns sont heureux avec un sourire, les autres ne le sont jamais.... Bien sûr, il reste que "Le bonheur appartient à celui qui en donne aux autres" (Le Chat)