Avons-nous passé notre pic d'intelligence ?
Nous vivons à une époque à « double tranchant »
Qu'est-ce que l'intelligence ? Le Dictionnaire de l'Académie française la définit, en premier lieu, comme « faculté de comprendre, de concevoir, de connaître, et notamment faculté de discerner ou d’établir des rapports entre des faits, des idées ou des formes pour parvenir à la connaissance », et, par extension, comme « aptitude à adapter son comportement à une situation nouvelle, adresse qu'on montre dans une situation donnée, habileté dans le choix des moyens qu'on emploie pour parvenir à un certain résultat. » Ce n'est pas gagné d'avance !
Cette définition soulève une autre question : avons-nous encore concrètement la possibilité d'utiliser nos facultés intellectuelles dans le monde d'aujourd'hui ?
Du point de vue biologique, le cerveau humain n'aurait pas fondamentalement changé depuis des milliers d’années. Est-ce rassurant ou cela devrait-il nous inquiéter, voilà encore une autre question. En tout cas, cela expliquerait bien des choses. Toujours est-il que l'environnement dans lequel nous acquérons nos connaissances et les outils que nous utilisons à cette fin, eux, bien sûr, évoluent constamment.
Le défi auquel nous sommes confrontés à l'ère du tout numérique réside dans l'optimisation de nos capacités de comprendre, de traiter, de mémoriser les informations. Sans doute est-il présomptueux d'avancer que, au temps de Léonard de Vinci (1452-1519), un polymathe pouvait connaître 50% de tout ce qu'il y avait à connaître. Aujourd'hui, par contre, de manière tout à fait hypothétique, un génie ne pourrait même pas prétendre connaître 0,0001 % du savoir humain total, tant il s'est considérablement spécialisé. On estime que la quantité totale d’informations double actuellement tous les 2 à 3 ans.
Léonard fut l'un des derniers grands esprits universels capables de maîtriser une large part du savoir de leur époque, grâce à la lecture et la pratique. L'explosion des connaissances rend cela impossible. L'esprit humain a aujourd’hui accès immédiat à plus de connaissances que Léonard n'aurait pu en accumuler. Cela ne signifie pas qu'il puisse toutes les assimiler. Un article récent dans le Financial Times estimait que, sur la base de toute une série de tests, la capacité de raisonnement et de résolution de problèmes nouveaux de l'individu contemporain moyen aurait atteint son maximum au début des années 2010 et qu'elle n'a cessé de diminuer depuis.
Nous vivons à une époque à « double tranchant ». D'un côté, l'Internet, le big data et l'intelligence artificielle nous donnent accès à une quantité d'informations et d'outils sans précédent, ce qui devrait en théorie nous rendre plus intelligents et efficaces. D’un autre côté, notre attention et notre capacité de concentration sont mises à rude épreuve par la surcharge d'informations, les distractions numériques et la vitesse d'évolution du monde contemporain.
Outre de la surabondance d'informations dont nous sommes bombardés et qui nuit à notre capacité de réflexion et de mémorisation, nous sommes aussi victimes de la dépendance aux outils informatiques (pourquoi encore recourir à sa mémoire quand les informations sont instantanément disponibles sur Internet ?), de la sédentarité (il y a un lien direct entre l’activité physique et la performance cérébrale), du stress et de la fatigue mentale (un mode de vie hyper-connecté et ultra-speedé engendre un stress qui nuit à la créativité et aux capacités cognitives).
La partie n'est pas perdue pour l'être humain. Il y a moyen de dépasser ces limites par une adaptation consciente. Nombre de chercheurs et de penseurs préconisent aujourd'hui des méthodes comme la méditation, le travail en profondeur sans distraction, la désintoxication numérique, ou encore un équilibre entre technologie et réflexion humaine. A cet égard, bannir les jeux électroniques de ses addictions quotidiennes et les remplacer par la marche devrait grandement contribuer à un retour à la santé mentale.
Arthur Schopenhauer (1788-1860) recommandait de marcher trois heures par jour dans des parcs ou en pleine nature. Il considérait la marche comme essentielle à la santé physique et intellectuelle. Elle favorise la clarté d'esprit et permet d'entretenir une réflexion profonde. Il partageait cette conviction avec d'autres philosophes comme Kant (1724-1804) et Nietzsche (1844-1900), autres fervents adeptes de la marche quotidienne.
(*) Lire est aussi excellent pour la vigueur mentale, en particulier un livre qui permet de vous désenfumer l’esprit des drôles d’idées des vaniteux qui nous gouvernent. A commander sur Amazon : Ces vaniteux nous enfumant et leurs drôles d'idées – L'Europe sous l'emprise de l'idéologie (avec livraison gratuite en Belgique et, sous condition, en France).
Merci pour ce texte intéressant et j'espère que Schopenhauer fait des émules!