Au fait, qu'avez-vous contre les Chinois ?
« Un jour sans fin » sous le soleil andalou.
Alain Grootaers, uomo universalis aux douze métiers et treize accidents de carrière qui, désormais, vit en Andalousie et partage ses humeurs sur le média flamand Doorbraak, a l'impression, quand on lui parle de la « crise mondiale », qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil (il est au bon endroit pour en parler) et qu'il vit « un jour sans fin » (comme Bill Murray dans Groundhog Day, mais lui du moins c'était avec Andie MacDowell).
Dans les années 70 et 80, nous passions déjà d'une crise à l'autre. Né en 1964, il se souvient que ses parents à table et William van Laeken au journal télé de l’époque sur la BRT (la chaîne publique belge de radio-télé de langue néerlandaise) ne cessaient d'évoquer la crise pétrolière, la crise des missiles, les tensions au Moyen-Orient, Golda Meir, Menahem Begin, Anouar el-Sadate et le leader druze libanais Walid Joumblatt.
Tout revient, fait-il remarquer. Les Russes sont de retour, le « péril jaune » fait sa réapparition dans les conversations et les médias, de même que le « spectre de l’inflation », une expression datant de l'époque. « La seule différence, c'est le chômage, écrit-il, lequel ne semble pas revenir massivement, sauf peut-être en Wallonie, cette région de l'ancienne Gaule qui, comme dans les bandes dessinées d'Astérix, résiste farouchement à l'envahisseur - le travail. »
Grootaers raconte avoir obtenu sa licence à la VUB au milieu des années 80 avec un mémoire sur la « dualité attendue du marché du travail ». Il anticipait l'apparition de « jobs hamburgers » à la sauce américaine. Son promoteur était le fameux professeur Ernest Mandel, trotskyste patenté et homme affable et raffiné. Certains de ses camarades (c'est le cas de le dire) de cours étaient « amadaoïstes » (AMADA, Alle Macht Aan De Arbeiders, précurseur maoïste du PTB) pur jus. Ils n'étaient pas connus pour leur sens de l'humour et de l'autodérision. (L'inconvénient, signale-t-il, était compensé chez les étudiantes marxistes par le fait qu'elles étaient plutôt libérées sur le plan des moeurs.)
Il se fait que le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez est de retour d'un voyage en Chine. Il aura fait l'article au président chinois Xi Jinping de l'huile d'olive, du jambon serrano et du vin espagnols, ce mis à part l'Espagne ne produit plus grand chose. Elle a besoin des produits chinois bon marché ainsi que des « chinos », ces épiceries de quartier qui ne ferment presque jamais, même pendant la sieste, et où l'on trouve des produits de première nécessité et un peu de tout à bon prix.
A Málaga, poursuit Grootaers, il y a une grande zone industrielle près de l'aéroport où les grossistes chinois ont leurs entrepôts remplis de sacs, de vêtements, de jouets et de matériel électronique. C'est là que la plupart des magasins, espagnols comme chinois, s'approvisionnent. Tout y est entre les mains de Chinois. Même les agences des banques espagnoles de la zone y emploient du personnel chinois.
En outre, rien à redire sur le restaurant chinois de son village qui fait aussi des livraisons à domicile, rapides, bon marché, par tous les temps. « Même quand je vivais encore à Anvers, écrit-il, j’aimais aller dans le Chinatown pour la soupe wonton et le canard laqué. Il n'y a jamais eu de problèmes de cohabitation avec les Chinois là-bas. Je n'ai jamais entendu parler d'attentat terroriste chinois ou de nuisances causées par de soi-disant ‘sales petits Chinois’. Ils aiment parier, même sur les résultats de foot, c'est vrai, et parfois ils vont jusqu'à soudoyer un entraîneur ou un joueur pour influencer un match, mais ça ne dégénère pas en violence urbaine. »
Par contre, Grootaers avoue avoir un réel problème avec leur système politique totalitaire, bien qu'il reconnaisse volontiers que leur virage économique, de l'économie planifiée vers celle marchande, est impressionnant. Il craint que de nombreux politiciens occidentaux ne fantasment en secret sur un tel contrôle des citoyens, combiné à une croissance économique permise par le libre marché. (*)
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