Ces dernières semaines, les va-t-en-guerre sont montés au créneau, à défaut pour eux de descendre dans les tranchées. Ce sont vos enfants et petits-enfants qu'ils ont l'intention d'y envoyer. L'Europe doit-elle se préparer à un conflit armé avec la Russie ? La guerre est-elle devenue inévitable ? Qu'en est-il vraiment ?
Steven Arrazola de Oñate a servi dans l'armée belge. Il était en poste à Kandahar (Afghanistan), une expérience dont il a tiré un livre, Ooit was ik een soldaat (traduit librement : « Au temps où j'étais soldat »). Il a confié à Doorbraak ne pas penser que nous ayons atteint un point de non-retour. Il voit dans ces discours sur la guerre une tendance inquiétante qui rappelle la période de la pandémie, à savoir pour les gouvernements et les médias d'utiliser la peur pour manipuler l'opinion publique.
La peur, dit-il, paralyse, divise et rend docile. Il est temps de briser ce cycle et de répondre à la question clé : quelle est l'ampleur de la menace que représente la Russie pour l'UE ? La rhétorique guerrière de certains dirigeants européens soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Elle ne se fonde sur aucune argumentation étayée, uniquement sur une notion de vagues menaces dont nous ferions l'objet.
La Russie, observe-t-il, pas plus que les Etats-Unis lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, n'accepte qu'une alliance militaire qui lui est fondamentalement hostile ne s'étende jusqu'à ses frontières et y déploie des missiles. Il ne s’agit pas, s'empresse-t-il d'ajouter, d'une justification des agissements de Poutine, mais d'une mise en perspective.
L'UE entend investir 800 milliards d'euros supplémentaires dans la défense dans les années à venir. C'est une dépense colossale, à régler in fine par les contribuables européens. Mais à quelles fins cet argent servira-t-il ? Ce nouveau chèque en blanc n'est pas sans lui rappeler les milliards dépensés sans justification ni transparence lors de la pandémie.
Il existe une meilleure alternative, conclut-il : la diplomatie. En 2021, 40 % du gaz naturel européen provenait de Russie. Les sanctions ont changé la donne, mais à quel prix ? Pourquoi ne pas négocier un pacte de sécurité inclusif, avec des accords clairs qui contribueraient à instaurer la confiance ? Une course aux armements conduit à des conflits et à l'incertitude économique ; la coopération offre d'autres horizons.
(Cet article a été initialement publié dans l’hebdo satirique belge PAN.)
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